[ARTICLE] Les biodéchets : de la précollecte à la transformation, toutes les clés pour réussir.
Catégorie(s) : Actualités Articles
28
mars
2023
Les biodéchets : de la précollecte à la transformation, quelles sont les étapes pour réussir ?
Au 1er janvier 2024, les collectivités auront pour obligation de proposer aux administrés une solution de collecte séparée des biodéchets.
- Comment mettre en place une solution de collecte efficace et satisfaisante pour les usagers ?
- Que faire des biodéchets une fois collectés ?
Rappel du contexte, chiffres, solutions existantes, nous vous donnons toutes les clés pour réussir votre collecte à la source des biodéchets.
Que dit la loi ?
Depuis 2012, les professionnels et gros producteurs sont tenus de trier les biodéchets. Concernant les particuliers, la loi LTECV (Loi pour la transition écologique et la croissance verte) de 2015 prévoit la mise en place de solutions afin de permettre à tout le monde de trier ses biodéchets (professionnels comme particuliers). A l’origine la loi prévoyait une mise en place au 1er janvier 2025.
Le paquet économie circulaire de 2018 a permis d’aligner tous les pays européens sur le même objectif. Nous avons tous le même objectif de mise en place du tri à la source des biodéchets. Mais avec une échéance plus courte, puisqu’elle a été avancée au 1er janvier 2024.
La loi AGEC de février 2020 regroupe tous les objectifs concernant la réduction des déchets, y compris le gaspillage alimentaire, et fixe des objectifs encore plus ambitieux.
Le Fond vert pour une accélération à la transition
Pour aider les collectivités à atteindre les objectifs de transition écologique, le gouvernement et l’ADEME ont mis en place le fond vert : 2 milliards d’euros dédiés pour financer jusqu’à 55% des dépenses liées au tri à la source et la valorisation des biodéchets.
Les biodéchets : une source de pollution
Aujourd’hui, nos poubelles sont composées de 30% de biodéchets, cela représente 18 millions de tonnes par an.
18 millions de tonnes de déchets alimentaires qui sont donc enfouis ou incinérés chaque année, sachant qu’1 tonne de biodéchets mis en décharge va émettre 330kg de CO2 !
Pourquoi les biodéchets non triés polluent ?
Ceux-ci composés de 60 à 90% d’eau :
les incinérer revient à brûler de l’eau, et donc dépenser des ressources en énergie pour rien
les enfouir entraine une pollution car la fermentation des jus non oxygénés va émettre du méthane dans l’atmosphère
En parallèle, 40% de nos sols sont déficitaires en matières organiques, en engrais naturels… il y a donc un intérêt à faire du compost, pour un retour au sol de cette matière.
Trier les biodéchets, un cercle vertueux
1. Permet de réduire de 30% du volume des OMR
2. Limite l’incinération et l’enfouissement des déchets organiques
3. Réduit la pollution
4. Retour au sol de la matière organique via le compost
5. Les biodéchets sont une source d’énergie, ils peuvent être méthanisés ou transformés en gaz vert (ex : 1000 tonnes de biodéchets peuvent alimenter 275 foyers en gaz vert)
6. Création de filières locales, d’activités et d’emplois
Où en est-on en France ?
En 2021, seulement 6% de la population française avait accès à une solution de tri des biodéchets : 175 collectivités sur 1253 avaient mis en place des équipements pour leurs administrés.
Or, au 1er janvier 2024, tous les citoyens devront avoir une solution à leur disposition : compost, collecte en porte à porte, collecte en PAV.
Quelles solutions pour la pré-collecte ?
Plusieurs solutions existent pour la mise en place du tri à la source des déchets alimentaires, elles présentent chacune des avantages et des inconvénients et ne sont pas incompatibles les unes avec les autres.
Voici les différents types de pré-collecte :
Le porte-à-porte va être utile pour de l’habitat individuel, plutôt dans des quartiers résidentiels. Cela peut s’inscrire dans la même démarche que la collecte des emballages.
Le compost individuel, idéal pour les maisons avec un jardin, peu de gestion pour la collectivité car ce sont les particuliers qui gèrent ensuite leur compost eux-mêmes.
Le compost collectif, pour ceux qui n’ont pas de jardin mais qui souhaitent créer leur compost. Cela nécessite la mise en place d’un maître-composteur qui viendra entretenir le compost.
Le PAV sous forme d’abri-bac permet d’apporter une solution propre de collecte des biodéchets pour les habitats collectifs, les habitations individuelles, les centres-villes… ce point d’apport volontaire peu imposant permet de faciliter la collecte regroupée.
Le PAV de gros volume, comme les conteneurs enterrés, peuvent être utiles lors de la mise en place de gros points de collecte avec différents flux, notamment en milieu rural.
Les bacs de regroupements, types bacs plastiques de 1700L ou 2000L sont intéressants pour l’habitat vertical.
L’hybridation des solutions est indispensable, c’est l’addition de plusieurs solutions qui va permettre de collecter massivement les biodéchets. La collectivité ne peut pas envisager de mettre en place une solution unique, car chaque option citée ci-dessus va répondre à des critères différents.
Dans tous les cas, il faudra équiper les ménages de bio seaux pour leur tri à l’intérieur du foyer.
Une fois collectés, que faire des biodéchets ?
Il faut tout d’abord réfléchir à la collecte des biodéchets. L’idéal est d’utiliser des véhicules écologiques qui fonctionnent au biogaz, de taille non contraignante pour les voiries, et de prévoir un ramassage minimum une fois par semaine.
Pour le recyclage des biodéchets, 2 voies sont possibles. Là encore, l’hybridation des solutions est importante. Ces 2 voies sont tout à fait complémentaires, cela dépend de la région, du type de territoire.
La méthanisation, qui va permettre une double économie circulaire : la transformation en énergie (électricité verte, biogaz), et en digestat (azote) qui va être utile au compost. La méthanisation est intéressante pour répondre à un besoin d’indépendance énergétique
Le compostage, qui va permettre de réalimenter les sols en matière organique. Contrairement aux idées reçues, le compost nécessite un suivi expérimenté. Le compost se compose de 4 éléments chimiques : le carbone (déchets verts), l’azote (déchets alimentaires), l’oxygène et l’eau.
Une fois collectés, les biodéchets sont amenés sur un site de transfert et de massification.
Ils passeront ensuite par une étape de déconditionnement afin de supprimer les éventuelles impuretés ou matières indésirables arrivées par erreur (plastique, verre).
Une fois déconditionnés, les biodéchets vont être transformés en soupe et passer par l’étape d’hygiénisation : ils vont être chauffés pour éliminer les bactéries telles que la salmonelle. Cette phase obligatoire et contrôlée afin de permettre une utilisation des fertilisants sans risque pour la santé et l’environnement.
Dans le cas du compost, l’hygiénisation se fait de manière naturelle (grâce au mélange déchets verts et alimentaires).
La soupe pure et hygiénisée ainsi créée va pouvoir être transformée en énergie ou bien être utilisée comme fertilisant par les agriculteurs locaux.
Convaincre les utilisateurs de bien faire le tri
Une fois que l’on a choisi le matériel et la méthode de valorisation des biodéchets, il faut faire adhérer la population au projet afin de récupérer le maximum de matière et avec le moins d’erreurs de tri possible.
La première étape, c’est de rendre le geste de tri facile :
Équiper les ménages de bioseaux et sacs
Mettre à disposition une solution de collecte proche de leur habitation
Collecter minium 1 fois par semaine (voire plus en saison chaude)
La 2ème étape indispensable est de bien informer les citoyens.
Guide du tri, flyers dans les boîtes aux lettres, campagnes email/SMS, informations dans la presse locale, les magazines des collectivités, sur le site internet et les réseaux sociaux de la ville, sont autant de moyens de communication permettant de véhiculer l’information : pourquoi trier, comment, et pour quels résultats ?
Les ambassadeurs du tri, influenceurs, élus locaux, auront également pour rôle de se rapprocher de la population pour leur rappeler l’intérêt du tri. Cela peut passer par de la sensibilisation dans les écoles, des événements autour du tri ou encore inauguration lors de l’implantation du nouveau matériel.
Enfin, il faudra inciter les ménages à trier. Pour cela, réduire la fréquence des collectes des OMR semble évident, mais on peut aussi envisager de mettre en place une tarification spéciale, ou encore récompenser le geste de tri avec des gratifications offertes soit par les commerçants locaux, soit par les collectivités. Les citoyens apprécient de savoir que leur geste est utile, il est donc important de communiquer également sur les résultats obtenus grâce à leurs efforts : quantité de biodéchets collectés, comment ils ont été transformés et ce qu’ils ont permis d’alimenter.
La réussite du tri à la source des biodéchets nécessite la réflexion en amont de la collectivité (choix de la méthode de pré-collecte et de l’exutoire), la bonne mise en pratique des fournisseurs et prestataires choisis, et l’implication des ménages pour une collecte massive des biodéchets.
Chacun doit se sentir concerné et valorisé dans cette démarche qui sera utile à l’indépendance énergétique et à l’agriculture locale.